samedi 14 juillet 2012

19 avril. Dernier jour.

            J’ai fini par trouver une position stable avec un pied sur mon siège et l’autre dans la pochette de celui de devant. Puis les deux sur le siège. Puis les deux en bas. Derrière, le futur champion olympique a du sombrer après avoir encore fait quelques étirements.

            // C’est à ça ressemblerait mon cadavre si je me faisais piquer par un scorpion, seule au milieu du désert des Andes. La peau noircie. Les habits qui s’élèvent sporadiquement avec le vent, pour recréer l’illusion d’une respiration qui n’existe plus. Le carnet à côté du corps. Où j’ai écrit en dernier que je n’en peux plus. Je vais attendre là en espérant un passage. Peut être à jamais. Les pages un peu déchiquetées bruissent. //  (Bon ...)

            // On est dans le parc des Torres, au milieu de nulle part. Il fait chaud, soleil et nuages. Le temps est très sec. Des gerbes de poussières décollent des buissons lorsqu’on marche dedans. On veut planter le camp. Mais on est poursuivis. Il faut faire vite ou nous ne serons plus les premiers. Des troupeaux de guanacos s’écartent en galopant dans n’importe quel sens devant nous entre des monticules. Moi je ne chasse pas. Il faut les prendre à revers, mais je vais attendre ici.
            Abrutis de lamas, on ne peut pas lancer une tente sans provoquer une crise de panique. Il faut s’en éloigner où ils vont sauter dans un précipice.
            On a monté une tente de touaregs. Des tourbillons de poussière s’élèvent dans un vent cinglant. Je rentre dans la toile. Il y a une pendule. Qui égrène bruyamment les secondes. /

            Allumage de lumière. Mes YEUX bon sang. Éteignez ça ! Mmh. Il est 6h05. Le petit déj. va arriver, bientôt. Repas végan = vraiment expérimental. J’ai très envie de me rendormir (maintenant .....). Le jus d’orange est encore plus chelou que tout le reste. On est au niveau du détroit de Gibraltar, 1h04 to destination. , ... SAEZ, ♫♪ Debbie pour me réveiller. Ah tiens, un sandwich aux tomates. BON. (Au moins j’ai droit au pain cette fois.)
            ‘’Autour de moi les fous font la conversation. Les données du système moi je n’y comprends rien ; à la table des rois on a jeté les dés. ‘’ ... ‘’Demain nous verrons bien ; toujours pire je suppose, au plus bas du tréfonds de la nature humaine’’.... Voui...

            J’ai une bonne toux caverneuse. J’imagine bien mes poumons comme des grottes sombres secouées par des séismes puissants, et ou une strate humide se déchire et s’éboule à chaque fois. La fille à côté est malade aussi.
            Papyros’N. ... souvenirs. Le film de tout à l’heure, c’est ''La invencion de Hugo Cabret''. 


     Terminal de Madrid.
            Un homme vient de passer avec une trompe d’éléphant en main. C’est normal ? (Ca devait être un mulin coudé.) J’ai aussi vu quelqu’un marcher dans la lumière du plafond, en reflet. (Hum. Ce devait être le reflet d’un reflet.) Tout cela dans le méga airport de Madrid, où je traine depuis 4h40. J’ai parcouru le labyrinthe jusqu’à arriver aux bagages, dont j’ai observé le défilé à travers une vitre pour ne pas être obligée de sortir. Pas de gros machin jaune. J’espère qu’il ne s’est pas égaré dans une contrée lointaine perdue entre deux continents.
            Une elfe s’est assise en face de moi. Image quelque peu altérée par le téléphone dans la main droite et le sandwich dans l’autre. Longs cheveux noirs, oreilles qui dépassent parfois entre deux mèches. Visage fin au menton pointu mais doux, nez aquilin, sourcils bien tracés sombres qui surmontent de grands yeux bleus surlignés de noir. Tunique beige sobre, bottines... (Juste dommage qu’elle rumine un bout de pain tout en consultant ses messages. Ma vision est manifestement en décalage total avec le personnage réel. Mais bon.) Bref, j’ai traversé tout le hall à la recherche d’une prise électrique. Je sais qu’il y en a au moins UNE. Mais une dans un hall qui fait ‘9 min’ + ‘5 min’ de marche, ... c’est pas beaucoup. Tout au bout, ma quête aboutit. Je me suis étalée par terre, j’ai branché l’ordi, posé mon sac, fermé la poche avec le portefeuille, (celle avec le mouchoir aussi), fermé le sac. Je me suis allongée par terre, j’ai mis Anathema, la tête sur les fermetures éclair du sac, l’ordinateur callé entre mon dos et le mur. Tout ça pour fixer le plafond pendant 1h (et voir quelqu’un se promener dans la lampe). J’ai migré petit à petit vers la (multiple) porte K. Des nuages pleins de textures stagnent devant la fenêtre. J’ai fini mon pain. Y’a plus rien. Départ 15h25... encore deux heures avant l’embarquement.

            J’ai passé les deux heures à faire des additions de milliers de grammes et à m’interroger sur des problèmes irrésolvables de sacs trop lourds. Maintenant, il serait l’heure de décoller... normalement. Embarquement 15h34 et départ 15h25 me parait ... mmh ... incohérent, j’aurais tendance à dire.
            Ah ! K84, 15h55 le départ.
            16h05 en fait (gné).


            16h00. J’ai failli louper l’avion ! Enfin le bus pour rejoindre l’avion (je n’comprends rien). Apparemment on m’a appelée au micro, mais j’étais entrain d’attendre que le blocage général de la machine dans laquelle j’avais inséré ma carte (et surement généré par ma carte) cesse. (Je suis allée acheter à manger, j’ai craqué). Et puis c’était marqué embarquement 15h47. Il était 46 quand je suis arrivée. (Et puis l’avion est entrain de boire son tonifiant à base de pétrole avec une longue paille qui plonge dans la piste là bas.) Et puis évidemment, maintenant, je n’ai plus faim.
            Le ciel est plein de mini-cumulonimbus aplatis assez sombres. A gauche, de la neige, pas loin. A droite, la buse variable métallique de Mathieu et Alexandre est sans doute sagement posée, à quelques centaines de mètres. Ce n’est écrit nulle part qu’on va à Strasbourg mais la porte est close. Et on y va.

Il y a très peu de monde dans cet avion... peut être une dizaine de personne en tout. Les deux devant moi lisaient des revues en espagnol … aucun indice ne me permet de dire que je vais réellement à Strasbourg… je déteste cette précipitation. Je me suis rendue à la porte d’embarquement à l’heure pile théorique d’embarquement après un retard de 45 min. L’homme m’a demandé si j’étais bien Sarah, il fallait que je descende au plus vite sinon j’allais louper le bus qui me conduirait à l’avion … pourtant … j’étais tout le temps devant le bureau à part lorsque j’ai eu ce problème de carte bancaire juste au mauvais moment. L’avion a une assez belle forme, plus fin, plus élancé que les autres. J’espère qu’on arrivera au bon endroit. L’hôtesse a annoncé que le trajet durerai une heure cinquante … normalement ce n’est pas tout à fait ça. … Enfin comme il est plus élancé, il ira peut être plus vite, je ne sais pas… !



Ne pas tenir un journal ou un dictaphone risque de me faire bizarre… ça fait un mois que je passe mes journées à écrire et raconter. Ca prend énormément de temps mais me permet de me souvenir de plein de choses… Le ciel est empli de cumulo-nimbus jaunâtre, gris sombres, blancs, … un champ de moutons nuageux. J’ai acheté à manger parce que j’avais faim … et c’est très bête, car maintenant avec le stress je n’ai plus faim du tout. J’aurai du patienter 5min. .. ça m’aurait évité de me précipiter, de manquer de manquer mon avion … ça m’aurait évité bien des problèmes … mais aussi de ne plus avoir faim une fois les choses achetées… du coup, j’aurais peut être continué à avoir faim.
                En tout cas, le voyage arrive à son terme … l’oiseau de fer longe des nombreuses pistes avant de prendre son envol. On m’a fait ranger mon appareil … c’est nul ! 

 
Je pense aux autres qui viennent surement d’arriver, il y a normalement 1/2h. J’espère qu’ils passeront un bon vol pour leur retour et qu’ils ne s’embêteront pas eux aussi à attendre je ne sais combien d’heures ici… Je ne sais pas conclure, donc… ça s’arrêtera comme ça. Fin du voyage patagonien …. J’ai hâte que ça recommence.



vendredi 13 juillet 2012

18 avril.

            5h43... dans l’avion. Des passagers aux milles visages et aux milles expressions défilent devant mon siège (4C, côté couloir). A la fenêtre, un gros monsieur lit un livre en soulignant des phrases. Les ceintures cliquettent.
            J’ai entendu le réveil de 3h20, ai failli bondir du lit ; puis 3h39 (que j’avais pas mis) et 3h45. Un peu plus dur. J’ai trainé mon sac de 19,6kg en bas, ai pris un café à la lueur de ma frontale en en profitant pour réveiller le caniche de garde qui a gémit un peu avant de re-sombrer. A 4h23, le ‘’transfert’’ est arrivé. Minibus de neuf places. Cinq personnes dedans. On a serpenté dans un dédale de rues inconnues pendant une vingtaine de minutes à la recherche de numéros de rues à quatre chiffres jusqu’à être au complet. Les deux hommes autour de moi penchaient de plus en plus vers le milieu. Mmh. On est arrivé à 5h à l’aéroport après avoir dépassé les arbres/ champignons géants ; les feux rouges clignotants ; panneau attention chasse-neige ( ?) (plutôt pelleteuse je pense) ; ‘excavation profonde’. ...

            J’ai oublié de payer. Bon on ne m’a rien demandé. Mais bon. Hem. Je m’en suis rendue compte quand j’étais dans la file d’embarquement. J’ai chaud et soif. Ca va assez bien ensemble. L’avion va décoller. Les lumières s’éteignent. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le pire ; l’anéantissement des dizaines de sourires que j’ai vu entrer.
            C’est parti ! Je suis tendue. Mais j’aime assez la sensation de décollage. Un peu moins l’apesanteur qui suit. A gauche, le gros monsieur a fermé le volet et s’est endormi. A droite, un homme grisonnant à la figure fripée et aux mains lisses lit un journal en français. L’épidémie de sommeil semble se répandre de façon exponentielle. Stupéfiant.
            ♫♪♫ Kyo. Ses chansons éveillent toujours en moi des souvenirs et émotions assez intenses. ‘Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière.’

            ♪ ♫ Finntroll. (Hm.) Dehors, la planète semble noire. Pure. Mate. Aucun reflet ne vient troubler cette obscurité. Le ciel s’y oppose. Il se colore. Douceur dégradée du bleu au gris pâle...
            Les nuages commencent à saigner (ténèbres du dehors). Le soleil essaye de les déchirer de ses rayons perçants.
            Victoire du feu. Il laisse une plaie sanglante dans la mer sombre et mouvante.
            La blessure tente de cicatriser. Mais mal. On voit le sang flamboyant qui filtre entre les lèvres de la balafre. Un peu en transparence à travers l’épiderme de nuages obscurs reformé. C’est vraiment beau. Dommage que le gros monsieur dorme toujours.


            Je suis à moitié écroulée de rire devant les vidéos gag chiliennes (alors que j’écoute de la musique en même temps) ! Elles sont mieux que les françaises ! Beaucoup moins de sentiment de culpabilité vis-à-vis des gens qui se font ‘avoir’. En particulier un ascenseur à remonter le temps. Hahaha. Et un enfant qui se cache dans un costume de pingouin. Et une barre vissée qui change d’orientation. Et un faux travailleur avec la tête dans des égouts inexistants qui disparait quand la (fausse) police arrive. Et le dernier là, le même faux policier qui fait souffler dans un éthylomètre et fait semblant de s’étouffer avec une partie de l’appareil propulsée lors du test. Hahahaaa. Hum. Aha tout de même ! Ah, on approche de Santiago. Dehors, ciel pastel à gauche, nuances bleues-mauves ; à droite soleil roux. Éclat assez violent. Les volets sont maintenant fermés des deux côtés. (Pff.)

            On a l’air d’avoir attéri. Environ... Je crois qu’il est 9h. Il semble faire beau. Nuage-pollution brumeuse de beau temps. Je fais des progrès en matière de peur immaitrisable en avion. La musique (même violente) aide, j’ai l’impression. Reste les sensations et les bruits louches qui s’infiltrent au-delà des barrières musicale et de concentration.

            Il est 10h23. Je n’ai pas du récupéré mon sac. Dans 2h42, il sera 18h05. Logique.

13h13. Avion suivant. On devrait avoir décollé depuis 8, 13 ou 68 minutes selon les différentes feuilles en ma possession et écrans que j’ai aperçus. Les 4h (du coup) d’attente sont passées assez vite, errances et visites de boutiques souvenirs emplies de pingouins (j’aurai bien aimé en apercevoir, tiens), dégustation d’un smoothie abstrait à la mangue (glacé ?!), préparation du programme d’un stage encore plus abstrait. Comme si j’allais le concrétiser en le mettant sur papier... Mais j’aime beaucoup faire ça. Ca donne de la ... consistance, aux choses. Et préparer des voyages me réjoui également. Ah ça y est, on roule ! Celui qui était à ma droite dans le transfert de ce matin (je suis quasiment sure) est à quatre places de moi, au bout de la rangée. Il a la chance d’avoir un hublot. J’aurai bien aimé qu’il soit à côté, il a l’air d’un grimpeur un peu perdu, avec des chaussures Salewa et un pantalon boueux, une crème solaire qui dépasse de son sac et une barbe de 10-15 jours. Je me fais peut être des idées, mais bon. C’aurait pu donner des discussions intéressantes. Ce qui est bien, par contre, enfin du coup ;  c’est qu’il n’y a personne à côté de moi. Couloir à gauche, place vide à droite. C’est pas mal non plus. A ma gauche un peu derrière, une fille qui a l’air terrorisée, et son copain qui la rassure. Je me dis qu’elle a de la chance.
La sol fa mi ré la ... // la si la sol# mi fa sol la sol / la musique calme pour rassurer tout le monde ...  Do la si sol# la ....

Ah ! GO ! Tension qui griiiimpe (avion aussi). A côté, les amoureux s’embrassent (vraiment de la chance). Bon sang d’impression de chute libre. Le bruit des moteurs a couvert la musique. Plus que quelques notes aigues émergent du tumulte. Les trilles solitaires, extraites, ne sont pas si apaisantes. ... Enfin bref, nous sommes désormais en l’air, considérons donc qu’il doit être environ 18h30. C’est étrange.

 

C’est drôle, j’ai l’impression qu’on est dans un nuage. Ca fait un moment que l’avion bouge un peu, tremble… il y a un truc assez sombre sur le côté. Je ne pensais pas que les nuages pourraient nous suivre aussi haut en cette saison… mais en fait c’est vrai qu’ici, c’est seulement l’automne. Le serveur a été assez surpris de me voir prendre du vin et du café… le café j’ai été surprise aussi, je pensais qu’il proposait du thé ou du café… mais finalement il n’y avait que le café… J’espère que le gobelet ne va pas se renverser d’ailleurs. 
Je suis bien enrhubée … j’ai senti le regard de la femme à côté de moi me transpercer pendant un certain temps alors que je ne la regardais même pas… je ne sais pas si elle voulait dire quelque chose ou quoi. Heureusement ça s’est calmé.  Derrière, les amoureux se sont endormis tendrement. On traverse une sorte de gros nuage… le voyant des ceintures vient de s’allumer. Dommage il n’y a pas d’écran comme à l’aller … voir un film en même temps m’aurait plu. A retenir aussi, la nourriture végétalienne en avion ce n’est … pas génial. Moi qui n’aime pas tellement les tomates, j’ai eu droit à une salade aux tomates, un gratin (sans gratin… empilement de tranches disons) de courgettes et tomates… J’ai connu meilleur. J’ai tout mangé quand même mais bon … voilà.

            J’ai épuisé la batterie de l’ordinateur. C’est un progrès incontestable, en temps normal j’aurai eu peur que l’avion ne s’écrase à cause de moi et mes interférences. Je crois qu’on rattrape le milieu de la nuit. Le voyant d’attache des ceintures de sécurité vient de s’allumer. La plupart des volets est fermée. L’homme derrière moi essaye probablement de transpercer mon siège à coup de genoux. J’ai regardé un bout de film en anglais, après avoir louché sur l’écran un moment. Il m’a beaucoup plu esthétiquement... je pense qu’il faudrait que je le revois pour tout comprendre. Début XX°, un enfant cheveux noirs yeux bleus habite dans une gare. Il a chez lui un robot qui ne bouge pas. Une fille aux cheveux mi-longs blonds est avec lui, souvent. Paris. George Melios. Je vais peut être retrouver avec ça. Il me reste 10 épines de touffe dans la main droite (gné). Trois dans la main gauche. Souvenirs ! Je vais essayer de dormir. Il est peut être minuit en France, ou plus, ou 20h au Chili, j’en sais rien. Ah, on est arrivé dans une ‘zone de turbulences’. Opeth. Vol. 23.

            // L’avion est à 1530m seulement, au dessus de la forêt tropicale. //   // Je suis avec Alexandre et Mathieu dans un océan de buissons verts minuscules. Le sol est couvert d’une matière visqueuse indéfinie. //  Foutu café. Et rêves délirants avortés. Je me suis assoupie dans un dangereux équilibre d’écart d’orientation de sièges. Equilibre brisé au bout de quelques minutes. Mon voisin de derrière doit s’entrainer pour un nouveau sport olympique. Le féchettorteils. Ah, ça n’existe pas ? Mais si, cette discipline qui consiste en le fait de tracer une cible sur l’arrière du siège adjacent, et d’en toucher le centre le plus rapidement possible avec le plus d’orteils différents. La force de propulsion du pied entre aussi en compte dans la notation finale. Apparemment, cette activité est en plein essor.
            J’ai essayé le roulage en boule, les pieds sur la sacoche photo, les pieds dans la sacoche photo, l’empilement instable de trucs susceptibles de servir d’oreiller (polaire, sac de couchage, etc.) sur l’accoudoir ; ... je me suis même résolue à ôter cette barrière symbolique pour me plier en quarante-douze en posant la tête sur le siège vide d’à côté. Rien n’y fait. Il est 3h en France. 22h, c’est peu. Mais tout de même. J’ai loupé le passage de sandwichs parce que l’hôtesse a cru que je dormais (d’un côté, avec le foulard sur la tête...bon...).

            Dans le miroir des sanitaires, j’ai eu l’impression de voir Caliméro. Avec un amoncellement de cheveux à la place de la coquille, sur la tête.
            Dans le cas présent d’absence de support annexe, je crois que ça m’aiderait assez de savoir dormir sur le dos.
            (Aimer, c’est plus dire ‘’je te suivrais au bout du Monde’’ que ‘’c’est trop loin, trop dangereux, n’y va pas’’. Ce n’est pas un rêve, juste une pensée flottante ; une réalité.)
           
‘’I’m unavailable. Because I have to make a snowman !’’ (grand sourire) Je branche les écouteurs sur l’accoudoir (...) et j’entends ça, ça fait plaisir. (film ''I don’t know how she does it'')

jeudi 12 juillet 2012

17 avril. ....

            // On allait avoir une belle vue depuis la colline suivante. Non l’autre. Il faut descendre entre  les deux collines. Ou aller sur la suivante. L’autre. Dans la vallée là-bas. Peut être sur la suivante. Tout est bleu. Et mouvant. Une forêt sombre sur une colline bleue aussi. Il fait chaud. Il faut aller sur la colline. Celle d’après. Non vous ne voulez pas ? On va faire deux groupes. Je vais aller sur la colline. Là bas. La vue sera belle. Je vais descendre par la forêt. Les collines bleues flottent. Vous allez par là ? On se retrouve après. J’ai chaud. Tellement chaud. Si je me retourne, il fera peut être plus frais. Sur l’autre colline bleue. Là bas. La forêt. J’ai froid. Il fera plus chaud si je me retourne. Je peux prendre une grande feuille de palétuvier bleu. On se retrouvera dans la vallée après. C’est loin. Il fait froid. Je vais me retourner, le vent sera plus chaud. Ah ça ne servait à rien de monter ? La vue était aussi belle en bas ? Je retiens. Dommage. Mais j’aimerai bien monter sur l’autre colline. //

            J’ai du me retourner au moins cinquante fois. Alex semble dormir. Impressionnant. J’ai l’impression de faire un bruit énorme de froissements de draps divers.

            // La forêt. Il y a un sol ocre. Des énormes troncs. Feuilles bleu-vert. Il y a des trous obscurs dans les troncs. Je suis attachée sur le sol de terre dure. Il fait chaud. C’est une forêt tropicale. Il y a un woodpecker. Il veut me manger. Je fonce dans le tronc. Je suis une fourmi noire. Je ne peux pas bouger. La chaine qui me retient est juste assez longue pour que je puisse me terrer dans l’écorce. Il y a une fenêtre. Il fait froid. Si je ne tiens pas le coup, il va me manger. Il faut que j’appelle. //

           
Ca ne me réussi pas d’être malade ! Hm. Je me suis encore tournée x fois. Mal partout un peu. Chaud / Froid. 

            Il est 8h30. Debout. Arg.

            Douche, petit déjeuner, café, chocolat lyophilisé, rangement rapide. Course jusqu’à l’agence de bus Pacheco. Alexandre et Mathieu ont leur bus à 11h. Trajet vraiment dur, j’ai chaud ; sac trop lourd ; mal à l’épaule. On est en avance. Enfin le bus est en retard. On joue avec un chien lunatique qui nous pose un caillou tout baveux à nos pieds. Au revoir ... à bientôt ....... Je ne réalise pas grand-chose. Salut aux deux visages familiers qui me font signe à travers la vitre. ... Billet pour Punta 14h. Perfecto.  Je laisse mon gros tas jaune à l’agence. Le chien nounours taciturne m’accompagne au café internet avec un plus petit caillou (modèle de voyage). 

            Courses pour ce soir (et midi). Le vent est froid. Je retourne au café ‘net. Agence de bus. Bus.


            14h, on est installé, une dame à gauche a mis de la musique sur son téléphone et chante à fond en gesticulant. Ca va vite m’énerver. Ah, elle sort. ‘’Good trip, don’t forget you’re bells, you payed so much.’’ Euh ... il y a un truc que je n’ai pas du comprendre.
            Le lac est bleu turquoise au bout de la rue. Le ponton. Des vagues. Une dame qui promène un chien en manteau moumoute rose (oui, le chien). 

            Laguna esconida. 14h33. La forêt de buissons multicolore est partout. 

            14h43. La forêt de fous ....


            La pauvre dame à côté de moi, elle a le nez dans sa veste, elle a peur d’être contaminationnée. Haha. D’ailleurs elle hésite même à répondre au téléphone. Heureusement qu’elle n’était pas en rando avec nous. Je m’imagine bien lui proposer de boire à ma gourde.

            15h02 : moutons, maison, arbres aux couleurs incroyables.

            15h17 : champs de lamas chevelus sphériques.
 

            15h30, Punta Arenas 109km. Le soleil tape à ma vitre, il fait chaud. 

            Retour d’un bout de forêt géniale après un grand vide. ... un tapir vient de traverser la route ?! Euh non. Le mot mince. Tamari, tapis, tarabiscoté, Tata, taaaaaa... tou ! TATOU Voilà. Cette espèce étrange vient de traverser devant le bus ?!!!?! (15h52). 

            16h25 ... Punta Arenas 22. Encore la forêt. 

 (...)


            Le bus s’est arrêté devant l’agence à 17h. Ca faisait un moment qu’il posait des gens de ci de là. J’ai repéré une auberge (hostal) ‘’Art Nouveau’’ juste à côté du terminal. Mais 22 000$ et quelques... Euh ... Je suis sortie assez vite. J’ai arrangé un peu mon sac de façon à ce que les deux bretelles sortent de la housse fluo (et que mon épaule ne se démantibule pas) et j’ai commencé à m’éloigner de l rue principale pour trouver moins cher. 17 000$. Non pas encore.
            Presque 1h d’errance, une autre auberge à 20 000 la chambre de deux, mais comme je serais dans une chambre de deux, c’est 20 000 aussi ; une fermée (enfin je n’ai pas trouvé l’entrée). Et enfin celle où je suis installée. Hostal TORRES DEL PAINE. 12 000, en fait 10 000, avec petit déj. Une autre Carmen sympa (juste un peu expansive). Une chambre de douze pour moi toute seule. (Perfect.) Transfer réservé pour demain 4h. (Après une incompréhension notable sur les manana por la manana, a las quatro de la manana, ...) La différence entre transfert et taxi est subtile, aussi. Ca me dépasse un peu. Tout ce qui est évident, c’est que taxi  = 7 000$ et transfert = 3 000$. L’effet et la finalité devraient rester similaires.


            Ma fenêtre donne sur un poteau électrique où sont accrochés exactement 51 fils (plus ou moins 15). Je me sens un peu mieux, toujours des frissons, il faudrait que j’aille acheter un jus de fruit ; un truc à boire (et que je compte un peu ce qui me reste en monnaie). (Z’en ai barre de redifler.)


            2 970$. C’est ce que je peux dépenser ce soir après extraction des pièces que je veux garder.
            23h10... Hum. Il faut absolument que je dorme. Je suis revenue à la méga chambre. A chaque coup de vent, j’ai l’impression qu’il pleut. En fait, ce sont les fils électriques qui s’entrechoquent. (...) (A chaque grosse voiture j’ai l’impression d’un tremblement de terre aussi. Comme si le bâtiment était secoué par une propagation de vibrations profondes.)
            Pour être sure de ne pas me perdre, je me suis dit que la meilleure des options était encore d’aller tout droit. Trois hostals autour, j’ai même pas regardé les prix. Une enseigne grinçait en poussant des gémissements lugubres. Une autre claquait contre un mur. Je me suis dit que j’étais vraiment dans les tréfonds de la ville. Après un restau grillagé et un bien louche, je me suis dit que le mieux à faire était d’aller où il y avait du monde. Suite à une consultation approfondie des prix, j’ai donc dégusté un hot dog à la choucroute accompagné d’un nectar à la pêche. ... Mon mode de vie solitaire est vraiment expérimental ( !). Tout ceci dans une sorte de bar-resto où deux écrans de télé retransmettaient un match de foot. Le commentateur a failli s’étrangler (30 sec. De cri ininterrompu) quand un but a été marqué. C’est fou de penser que le dépassement d’une ligne tracée en un lieu aléatoire par un objet plus ou moins sphérique puisse générer autant d’embrassades, de pleurs et de mugissements. (Quand on y pense.) (Mais n’y pensons pas, ça vaut mieux.) Devant moi, un chilien à la peau sombre avec des cheveux blonds platines courts, et une tête de mafieux (je ne sais pas exactement à quoi c’est censé ressembler). Derrière, un gros monsieur à cravate qui pousse un soupir orgasmique à chaque pénétration d’une gorgée pétillante de coca dans son œsophage. Le barman avec son t-shirt vintage. Les murs rouges ; une gouttière qui rentre. Ah non, c’est le tuyau du poêle. (J’ai toujours chaud, d’ailleurs.) 2 200$.
            Cette fois, il pleut. Je range un minimum mon sac et je vais dormir. Le réveil sera dur.
            23h52 Gné(éh). Pffff. Il y a un caniche frisé relativement peu tondu en liberté à l’étage inférieur. Avec des pattes en pompon.



 

mercredi 11 juillet 2012

16 avril ...

// J’ai rêvé que j’étais dans une boulangerie-salon de thé avec Alexandre et un groupe de stagiaires. Je leur demandais s’ils avaient un régime particulier… deux filles m’ont répondu qu’elles étaient végétariennes. Et un monsieur qui m’a dit qu’il était panivore… je lui ai demandé de répéter plusieurs fois, je ne connaissais pas ce régime … en fait, il ne mangeait que du pain. Différents types, mais que du pain tout de même. C’était donc assez compliqué, je lui ai dit de faire le plein temps qu’on était dans une boulangerie, parce qu’en Patagonie on ne trouverait plus grand-chose. Il en a donc acheté quelques uns … il ne mangeait vraiment rien d’autre.
La nuit est tombée. On est tous sorti…. Il y avait une pluie d’étoiles filantes. Je suis entrée dans une maison à deux étages dominée par une sorte de bonzaï géant, ou sapin énorme. Je devais préparer les repas. La maison était une auberge. Je demandais aux gens ce qu’ils voulaient manger et … ils ne voulaient que du pain.On était à Puerto Natales. Il fallait aller chercher du pain dans le noir.
C’était la nuit de Noël. Il y avait un énorme poêle, et des chaussettes qui attendaient. Et si j’allais chercher du pain pour l’autre stagiaire qui ne mangeait que ça, j’allais louper le réveillon et l’anniversaire d’Husig.//

Je me suis réveillée plusieurs fois cette nuit. De plus en plus mal à la gorge. J’ai du mal à parler. J’ai pris une aspirine au milieu de la nuit, puis ce matin… j’ai rarement eu aussi mal à la gorge, ç’aurait pu se produire à un autre moment … quand j’avale j’ai l’impression qu’un lame me lacère. C’est désagréable. Je ne sais pas comment je vais manger ma pizza ce soir. Ma tente commence à être criblée de trous de mulots… un est entré à mes pieds en grignotant la toile, passant directement dans la poubelle qu’il a bien rongée… il a aussi grignoté mon paquet de mouchoirs vides (ça ne sert à rien) et la poignée de ma sacoche photo… il a surement aimé le gout, sinon je ne vois pas. Il a aussi bien mangé l’emballage de mousse au chocolat lyophilisée. Pleins de particules pailletées sont éparpillées. Pourtant c’est métallique, je ne sais pas comment ils font pour avaler ça… Mathieu est parti chercher son porte filtre. Moi j’ai eu un peu de mal à me lever mais … j’ai presque fini mon sac. Je ne suis pas dans une forme remarquable mais je … pense que ça ira. Allez.

Je suis entrain de chercher l’heure… un moustique vient de me piquer dans l’oreille, c’est très énervant. Dire que Xavier disait que c’était des moucherons. Il est … 8h26 ! Ca me semble bizarre parce que ... il fait toujours nuit ! Mais bon oui, c’est surement possible, il doit y avoir une espèce  couverture nuageuse. Je suis entrain de ranger ma tente, Alexandre s’occupe de l’autre. Mon mal de gorge se calme un peu heureusement. Un peu. Je récupère à nouveau des sachets de parmesan, sauce, et diverses choses que les mulots ont emporté dans leur repère secret dans les branchages. Ca commence à bien faire … mais dans un sens, c’est quand même drôle.
J’ai faim mais je ne sais pas ce que ça va donner si j’essaye d’avaler quelque chose. Déjà le liquide passe mal… mmh. Bon j’essayerai quand même parce que sinon j’aurai du mal à arriver. Hier soir on a parlé avec Alexandre des possibilités de stages ici, et de l’organisation… ça m’a beaucoup plu. 


9h25. On est partis du camp italiano. C’est un peu dur mais ça va. On a bu du chocolat chaud, cacao énergie, capuccino, mélanges louches à mon habitude. J’étais la seule à qui il restait un paquet de gâteau complet. On l’a partagé un peu. On a traversé la passerelle, il fait encore sombre. J’ai aperçu le démon mécontent là haut, avec son visage cornu et ses grondements. De l’autre côté le ciel est superbe, nuages sombres sur fond clair. Clarté douce. On traverse des forêts, un peu moins belles qu’hier mais toujours dépaysantes. Tout semble monochrome. J’ai très chaud. Dernière journée dans la nature.

9h52… on entre dans la zone brûlée… enfin presque. Elle semble nous entourer à une distance respectueuse. Les colosses de bois sont très beaux. Devant, toute forme de vie a été anéantie, là on l’on marche, les couleurs sont plus vives que jamais. Il y a du vent, un peu de pluie parfois. … Le soleil commence à se lever sur les montagnes en face. La lumière lointaine est très vive. … Premiers arbres brûlés.



Ca y est, nous voilà dans la zone rasée. Il reste un peu d’herbe au sol en certains endroits… toujours les branches qui se tordent de douleur, l’écorce arrachée par le feu et sa chaleur insupportable. Très étrange …. Paradoxalement, le soleil essaye de réchauffer tout se monde mort et froid. Le vent se déchaine, il nous en veut surement d’oser se présenter ici après ce que quelqu’un de notre espèce a provoqué. Atmosphère sombre et impressionnante. Les montagnes sont plâtrées en leurs sommets… quelques touffes tentent de survivre au milieu de cette forêt noire et déserte… le lac en dessous étale ses vagues et reflets. Je suis passée en mode automatique : un pied devant l’autre, un bâton qui s’élève et s’abaisse tous les deux pas. J’ai connu mieux.



 
10h18. On a pénétré l’enceinte de la forêt désaturée remarquée l’année dernière. Elle a aussi subit les ravages des flammes. Les troncs sont très noirs en bas. L’écorce se détache très facilement. J’ai tiré dessus … ai eu l’impression d’enlever la peau d’un être vivant. C’est un peu ça d’ailleurs. Sauf qu’il a été brûlé vif et est maintenant mort. Je relativise un peu mon état, là. Je me dis que tout ceux qui étaient là dedans ont du beaucoup plus souffrir que durant nos misérables maladies. Comme moi maintenant. Le grand arbre à la sortie de la forêt est à moitié ravagé, à moitié vivant. Il résiste encore… gardien des bois. Tout sent le brûlé. Comme si l’incendie datait de quelques jours. Les seuls indices témoignant du contraire sont les touffes d’herbes épars qui émergent en certains endroits. Mais pas partout. C’est vraiment très sombre. J’ai presque l’impression de déranger.




10h48 ! Quelque chose nous en veut, c’est sur ! Les éléments commencent à se déchainer. ‘La confrérie des hobbits encapuchonnés’. Je ne sais pas pourquoi je pense à cette expression … confrérie… j’aime bien ce mot. Au dessus de nous, à la verticale, une montagne dont le somment est totalement couvert de givre, blanc comme si un ovni glacière avait atterri au sommet, avec des pointes et des formes géométriques, rectangles… en tout cas le sommet est vraiment blanc. Blanc.


  La tempête est arrivée alors qu’on errait encore dans les bois brulés. Même sous la pluie, une odeur de fumée persiste, comme si l’on était toujours dans l’incendie. On s’est arrêté au bord d’un lac sombre (dont je n’avais pas souvenir) duquel s’élevaient des tourbillons flottants. Impressionnant. Les rafales se sont multipliées, de plus en plus violentes ; la pluie a commencé à nous encercler, discrètement (vicieusement). Et on s’est retrouvé dedans. La tourmente patagonienne. Celle qu’on aime tant. Alexandre et Mathieu ont tenté (à plusieurs reprises) de mettre leurs capes de hobbits humides. Elles se gonflaient comme des parapentes croisés avec des épouvantails. Une sorte de ballon claquant au vent dans le tumulte des éléments. J’ai été prise d’un fou rire en regardant Alex se débattre suite à l’enfilement de sa cape à l’envers dans divers sens, puis s’être rendu compte qu’il manquait le couvre sac, puis que le tissu se soulevait par la bosse arrière, tout ça avec des rafales qui la gonflaient et vidaient alternativement de façon assez violente... alors que Mathieu de son côté, se rendait compte qu’il avait oublié de mettre son sac. Il a du recommencer aussi. On s’est enfin remis en route au milieu des nuages de pluie cinglante mixée à l’eau du lac qui remonte ; dans les bourrasques qui nous chassent et nous retiennent selon l’instant.




            On a marché comme ça jusqu’à 12h05. Arrivée au refuge. C’est fou. A la fin, un arc en ciel intense s’est déployé au dessus du lac turquoise. L’entrée de l’hôtel était froide et humide. Moins que nous. Une demi-heure à attendre en se posant sur un banc et évitant de bouger pour ne pas répandre l’humidité à toutes les parties de notre corps.
            Maintenant, on est entré dans le catamaran qui fait navette entre les deux bouts du lac Pehoe. ... Il y a un curieux décalage entre la météo (merdeuse) et l’intérieur du bateau. Assez classe. On a pu payer en €uros... ouf ! Sauf que, évidemment... c’est 12 000$ au lieu de 9 000. Quelle joie... 20€/ personne. Vouaaiiiis. (...). Je rêve d’une pizza que je ne sais pas si je serai capable d’avaler. On est entré dans un mini bus (au pif) et attendu un certain temps qu’il démarre alors que le véhicule oscillait à chaque rafale. On est en route. VOILA.


            J’ai somnolé jusqu’à Cerro Castillo, le nez dans ma polaire humide roulée en boule contre la vitre mouillée ; et couverte de la méga doudoune d’Alexandre. Ca a bien secoué, un moment un Cuernos est apparu encadré de ses deux disciples tourelles sombres. A travers la vitre boueuse. ... Au café, je me suis extirpée du bus pour plonger dans la salle un peu chauffée afin d’avaler un sandwich aux œufs et d’un beignet à la confiture (ou il faut rajouter la confiture). C’était bon. Mon état stagne. Le chauffeur a failli repartir sans Mathieu et moi, puis sans Mathieu tout seul. On a enfin été au complet. Rigolade sur un dirigement de poussin à réacteurs et des photos déformantes.... A l’arrivée, on est lâché près de l’église blanche ... et on se perd dans la foulée. Hostel Mirodon (je crois) on essaye de rentrer, on y arrive pas, on fait demi-tour, une petite dame vient nous ouvrir. 10 000$ par personne avec desayuno. Bien.

            On a retrouvé nos affaires, enlevé nos chaussures (‘’Ca c’est de l’odeur ! Presque solide ! C’est là que naissent les nouvelles senteurs du sanctuaire olfactif des ténèbres’’ (etc)) Hahaa. Douche. On va aller manger des pizzas... je suis HS.
 

            C’est fait. A La Mesita Grande, où on était à l’arrivée. Le serveur a posé son petit numéro virevoltant au bout d’un fil de fer sur une grande table ou tout le monde mange. Calzone al choclo pour moi. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre je crois, ou que la gorge plutôt... Quoique, le mal se répand. Salade et tiramisu aussi (festin). Sauf que j’ai des frissons à chaque courant d’air ou contact avec un objet froid (genre le verre de jus de frambuesa). Aha(rg). Ce serait bien un peu d’adrénaline pour faire remonter d’un pourcentage quelconque ma forme physique. (Un PEU, hein, juste un peu.) Un beu d’adrédalide. Mmh. Za gomence à bien vaire. Gnéé. Bon. Ze vais be goucher je grois. Hum. J’ai le visage en feu. J’attends que la sauvegarde de mes photos sur le disque dur soit faite et voilà. Dodo.

mardi 10 juillet 2012

Il semblerait que l'on soit le 15 avril.

                // On était dans une ville. Qui ressemblait beaucoup à Strasbourg, mais en plus ancien…. Il fallait que l’on rachète tout le matériel qu’on avait perdu … tout le groupe, Mathieu, Manue, Xavier, Alexandre. … on s’était réparti les tâches pour acheter les différentes choses. Je devais racheter un bonnet à Alexandre, et de la nourriture, … je me retrouvais avec pleins de trucs à aller chercher. Alexandre disait qu’il aimait bien le bonnet, mais ce n’était pas celui là.

                Il fallait monter une échelle, passer une passerelle. … Plus dans la nature. //

                Toujours pas de souvenirs nets. Alexandre s’est beaucoup réveillé cette nuit, des mulots grattaient, … il a mal à la gorge maintenant, comme Mathieu. Je suis sortie, j’ai l’impression qu’il fait beau, bien que tout soit sombre. … Je vais quand même me recoucher je crois, il fait vraiment froid. …
               
Mmh il me semble qu’on est toujours le 15 avril, il fait 5°C dans la tente … ça va, hier c’était 0. La neige est un peu remontée, … par contre nous on est toujours complètement trempés, limité dégoulinants… gore tex mouillée, doudoune encore humide … pantalon trempé, chaussures imbibées … le bonheur. Un mulot s’est introduit dans une poche de la veste d’Alexandre dans laquelle il avait laissé un bout de chocolat offert par un randonneur et qu’il avait précieusement conservé pour ce matin. Mais le mulot l’a trouvé avant.
On va essayer de monter de monter dans la vallée del Frances. Et moi j’essaye toujours de retrouver mon cache que j’ai réussi à perdre dans la tente. On reviendra sans doute aussi mouillé qu’ hier (même si j’espère que non !) … on verra…..




 
Il est 14h46. On se dirige toujours vers le camp britannico mais je doute qu’on y arrive un jour. On vient de finir de manger… du pain sec (et humide à la fois) avec du fromage du même type. Alexandre a encore un bon camembert… moi j’ai encore mon reste de soi-disant parmesan. On a partagé mes chips et demain, nada ! Plus rien. Et plus de sous non plus, c’est gênant… il faudra voir si l’on peut payer par carte, parce que sinon on va être bloqués quelque part, que ce soit pour prendre le bateau ou le bus.



On s’arrête tous les … 100m. Sur deux heures de marche, on a peut être avancé d’un kilomètre. On commence à surplomber un glacier, au pied d’une montagne énorme qui nous domine de près de 3000m. Toujours ce visage qui m’impressionne beaucoup. Un titan fâché. … J’ai remarqué depuis peu qu’il a également des cornes qui émergent du brouillard de temps à autre. On dirait qu’il cligne des yeux, avec les avalanches. Des grondements terrifiants se succèdent.

 
La forêt est très belle, de petits arbres aux belles formes multicolores…. Mathieu et Alexandre ont fait pas mal de plans. … On est arrivé à une cascade où j’ai manqué de faire une glissade de 10 mètres et d’atterir dedans (comme d’habitude… rien ne change). On a vu des condors toujours aussi impressionnants … mais beaucoup trop loin. Dommage. D’un côté, ils sont effrayants, de très près, aussi. A gauche, le long d’une paroi une belle cascade étend ses rebonds, surmontée par une succession de plaques luisantes de verglas et de stalactites glacés. Des pointes plâtrées de glace émergent des nuages.
                Ce matin Alexandre a demandé si ça déguelait par là et la montagne lui a répondu en crachant un énorme sérac qui s’est écrasé des centaines de mètres plus bas dans un vacarme grondant particulièrement puissant. C’était drôle. Communication abstraite entre l’homme et les éléments. On monte une pente raide dans une ancienne moraine à présente recouverte de terre. Toujours dans ces arbres couverts de lichen et de mousse, de champignons et de baies rouges.




16h07… on a fait 500m en plus. Moi je les ai même fait deux fois car je suis retournée chercher à l’endroit où l’on a mangé mon couteau qu’Alexandre avait utilisé pour couper son camembert… et laissé trainer sur un caillou après. Hum … On est resté un moment là. J’essaye des poses louches avec une mise au point un peu aléatoire … enfin pas vraiment, mais sur un sujet qui ne semble pas être le principal. J’aime bien ce que ça donne… les flous bizarre partout. C’est la première fois que j’expérimente ce type d’images, je suis tombée sur ce rendu au pif en prenant des photos à travers de feuilles … La forêt est vraiment folle, partout, des bonzaïs de toutes les couleurs, avec plusieurs teintes sur la même branche… du vert avec des points jaunes, des grands, des petits, des morceaux de mousses et lichens divers… des touffes parfois piquantes vert sombre en dessous… ou des parcelles d’herbe et de mousse spongieuse. … Je suis montée dans quelques arbres pour faire des photos. J’ai toujours l’impression que tout peut s’écrouler, les branches vivantes tiennent bien, mais les branches mortes … incroyable, même avec une épaisseur conséquente, rien ne tient. J’espérais que ça ne s’effondrerait pas sous moi, plusieurs fois j’étais postée entre les deux. Ça a tenu. 




Nous marchons sur la moraine. En dessous de nous, d’un côté, le glacier, les séracs dans une sombre, la tempête qui arrive. Les nuées qui ne quittent jamais les sommets déchiquetés. Les avalanches qui dégringolent, toujours prêtes à happer quiconque oserait les braver…elles dévalent la montagne dans l’espoir de nous engloutir, mais elles ne peuvent pas vu qu’on est au dessus des parties glacées. Le bruit continu du torrent d’un côté, … la rivière de l’autre. Du vent dans les branches. On approche d’un nouveau torrent qui fait entendre sa voix grondante. La montagne de plus de 3000m se rapproche lentement, avec sa glace bleue qui craque. Un endroit laisse apparaitre des pics gelés monstrueux A droite, les Cuernos  bicolores s’élancent. Des fissurent déchiquettent les parois. Ce doit être un géant qui a tenté de frapper avec un burin là-dessus.
On a pas mal d’images de bêtiser, avec Alexandre qui se casse la figure monumentalement dans les touffes avec l’appareil en main, qui balance ses sacoches… ou moi qui prend des photos n’importe comment depuis le sommet d’un arbre en exhibant sans faire exprès un des trous de mon pantalon. Il doit y avoir des photos vraiment bizarres. J’ai 4 bâtons en main. Des arbres morts sans branches se tendent de tout leur être réduit à néant dans une chorégraphie verticale blanchie par le temps.

Je repense étrangement au deuxième soir au refuge Cuernos, où Alexandre avait émis la possibilité que j’encadre un stage avec lui ici. Ce qui serait vraiment génial ! Je repensais à ça, et aussi qu’au problème principal soit que je n’aie pas le permis … donc il faudrait que je le passe, en fait … ce serait vraiment bien. Je me demande en combien de temps ça se passe. Il faut aussi et surtout que je passe mon brevet de secourisme, et que je pense à ce que je pourrais dire si je devais faire une conférence pour le CAF. (Club alpin) … oulà ce torrent est vraiment violent ! Tiens, un tronc d’arbre où c’est indiqué ‘danger’. Inattendu. Surtout que ce soit écrit en français.

Monsieur dictaphone en a marre de moi… il a décidé de prendre des vacances sur un sentier caillouteux…. Et a plongé de ma poche. Je m’en suis rendue compte assez vite, heureusement. Ce serait bête de perdre tout ce qu’il y a là dedans … !



 
Près de 18h … on est entrain de revenir. On a réussi à une journée, à faire l’exploit de parcourir la moitié du trajet vers le camp britannico. C'est-à-dire la moitié de 3h de marche, en 7h. On s’est encore arrêté au mirador frances. Le point de vue est fantasmagorique sur le cirque de monstres de pierre. De l’autre côté, le lago pehoe et ses nuances de bleu parfois éclairées par le soleil. Des couleurs vives dans les arbres, forêt rouge au fond parfois illuminée sous des nuages obscurs. Au dessus, des trainées de pluie sombre, et une lueur qui filtrait par en dessous devant les monts fantomatiques. Ce paysage fascinant vu depuis notre forêt orangée, parsemée de mousse et de coraux orange ou blancs pétrifiés entre des monceaux de lichen vert qui auraient pu ressembler à  de la salade. De petites feuilles blanches sortaient du sol. On n’a pas fini du tout, on aurait eu besoin de .. peut être 3-4 jours pour réussir à parcourir cette vallée. Mais là on rentre quand même car .. il va faire nuit (comme d’habitude)… et comme à notre habitude, on n’a pas de frontale. Ils ont encore prévu des plans vidéos dans le camping (qu’on ne verra pas)… on risque aussi de se planter, de trouver un puma encordé à un nandou qui va nous demander son chemin pour camper ailleurs qu’à Britannico. … C'est-à-dire qu’en fait, il faut qu’on y aille, … pas besoin de l’explique mieux que ça. Je suis entrain de marcher dans un type de marre de boue… ça s’enfonce ! Ce n’est pas tout à fait aussi pire que les micro-organismes vaseux mais ça s’en approche. Ces micro-organismes vont devenir ma référence en matière de choses spongieuses et glissantes. Le chemin serpente le long d’une partie de la moraine (partie parce qu’étrangement, un large torrent bleu sépare deux morceaux de moraine). C’est raide, il y a de très gros arbres. Le chemin passe dans les racines, les rochers, les dalles lisses et noires parfois (un peu comme de l’ardoise, polie par le glacier). Des troncs bordent le chemin, quand ils ne se sont pas écroulés avec les roches de la moraine. Mmh… je vais ranger ce dictaphone, sinon je vais encore réussir à l’échapper, le perdre, il va glisser jusqu’au torrent et je le retrouverai peut être dans le lac Pehoe (encore que non, car je n’ai toujours par accroché de balise rose fluo aux objets que je suis susceptible de perdre...dommage hein !)
En tout cas, c’était quand même une journée fantastique, même si moi… je n’ai plus d’énergie, je sens quelque chose dans la gorge et j’ai très froid (malgré la chemise arc’téryx, la doudoune et la gore-tex)… et je rêve … d’une pizza.

On est au camp. On a pris très peu de temps pour le retour, malgré la journée pour l’aller ! On est passé par un chemin expérimental, je ne me souvenais pas que c’était aussi pire … un ruisseau sur le chemin, des rochers partout, un peu glissant … mais on est revenus. Mathieu a donc filmé Alexandre entrain d’aller chercher de l’eau, d’allumer mon réchaud sous ma casserole …et d’expliquer qu’on était fatigués en arrivant mais qu’il faut quand même s’occuper de ce qu’il y a à faire, etc etc. Et puis là, ils sont encore entrain de parler de je ne sais quoi … je m’impatiente un peu… je sais bien, c’est le film sur Alexandre…( je suie entrain de ramasser les sachets que les mulots ont emporté hier soir… ils ont mangé le sachet en aluminium du parmesan c’est fou quand même !) … et non pas sur ceux qui l’accompagnent, qui font aussi à manger et prêtent le réchaud et la tente pour les tournages, ou l’isolant pour s’asseoir dessus, ou le trépied d’ailleurs (tant qu’on y est). Mais bon là, je suis un peu malade, j’ai mal à la gorge… évidemment, j’ai bu dans la même gourde que Mathieu et qu’Alexandre… et je suis arrivée trempée hier soir. Logique. Et là je suis entrain de faire la soupe pour tout le monde…… On devrait faire un documentaire sur la place féminine dans la société de campeurs. J’ai super faim.
Hier les mulots ont dévoré nos denrées déjà utilisées … : les sachets de sauce, de parmesan (qui est parti tout seul quand Alexandre a regardé dans l’abside), … impressionnant. Alors … 5 à 7 minutes en remuant de temps en temps … allons-y ! C’est partiii… il ne fait même pas encore nuit. Et je n’ai toujours pas de tasse, et rien d’autre pour manger à part le petit gobelet du jus de mangue. D’ailleurs je devrais peut être en prendre du jus de mangue, tiens. Mince ça fait des grumeaux… c’est bizarre ces soupes … on les dilue bien, et elles font quand même des grumeaux, mais après. Je suis entrain de remuer avec une fourchette qu’Alexandre a trouvé par terre sur notre emplacement. Heureusement qu’il l’a remarqué, sinon j’aurai pu décompter un trou de plus dans le plancher de ma tente. On l’a nettoyée ...  puis plantée dans un arbre (normal). Il ne pleut plus (ce qui est déjà une grande nouvelle). En revanche le vent s’est levé, et fait tomber des gouttes cachées dans les feuilles. … Comme je suis patraque … bof. Enfin je vais survivre … et puis on rentre demain en plus …. Enfin on rentre… à Puerto Natales. Programme : bateau au refuge Paine Grande à midi trente (9 000$ qu’on ne sait pas comment payer … c’est malin). J’aimerai bien être par là bas pour le lever de soleil, mais ça me semble vraiment dur. En plus il faudrait être plus loin pour bien voir la lumière. Puis bus. Puis Puerto.